Extrait de Les Plumes de LAIA n°9, septembre 2008
Comment motiver nos enfants à travailler ? Comment faire naître chez eux cette motivation sans laquelle aucun apprentissage n’est envisageable ? Florence se questionne, nous questionne, et nous livre ses pistes de réflexion fortement influencées de la pensée de Maria Montessori.
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Motivation externe
Nous sommes souvent frustrés de voir combien l’enfant « résiste », alors que… nous le « motivons » !
Il ne répond pas positivement à notre proposition.
Les moyens pour obtenir ce que l’on veut sont divers et variés. Le plus souvent, nous « amenons l’enfant à… », nous exerçons une pression externe sur lui. A l’école aussi, les enfants sont « motivés » de l’extérieur.
Que cette motivation externe soit négative (l’enfant a peur de ne pas répondre aux attentes de l’adulte, d’une mauvaise note, de passer pour un imbécile devant les autres,…)… ou positive… (promesse d’une bonne note, d’un bonbon, d’un câlin, d’un salaire plus élevé, d’une valorisation sociale, tableau d’honneur et compagnie !), elle n’est pas décidée par la personne.
Découvrir par soi-même
J’ai découvert dans la pédagogie Montessori une autre réalité. Grâce à un vecteur, le matériel, l’enfant est en position de découvrir par lui-même. L’adulte ne se positionne plus en « détenteur » de l’énergie qui va pousser l’enfant à agir. L’énergie vient de l’enfant. Dans cette attitude de respect, la relation se développe différemment.
C’est une relation où l’on se met au service de l’enfant, où l’on se propose de l’aider à devenir lui-même en acceptant que cela prenne du temps, et où on lui laisse la possibilité de refuser notre aide !
Cela implique que l’on respecte sa réponse, chaque fois que l’on pose une question (combien de fois posons-nous une « fausse question » !).
C’est une véritable révolution. On se permet de quitter notre position de « force », pour prendre le risque d’une relation d’égal à égal, une position d’écoute.
L’enfant n’est pas un adulte qui ne sait pas encore grand chose, et que l’on va « remplir » de connaissances, comme un être inerte.
L’enfant a une motivation qui lui est propre que l’on se doit de respecter.
Il a envie de connaître plein de choses, naturellement ! Lui imposer un programme de l’extérieur, sans le consulter, c’est nier constamment qu’il est capable de faire des choix,… Et c’est souvent l’empêcher de trouver les moyens de se motiver par lui-même pour aller jusqu’au bout (cela ne veut pas dire ne rien lui proposer).
L’enfant, comme chacun de nous, est doué d’une MOTIVATION INTERNE.
Et notre rôle est d’utiliser à bon escient cette énergie renouvelable. Car cette motivation permet d’accéder à une bonne estime de soi, et d’accéder de plus en plus à ce que Maria Montessori appelle « l’autoeducazione ». Le but de l’éducation de l’enfant est de l’amener à être capable de s’éduquer lui-même toute sa vie !
L’objectif à atteindre n’est pas à l’extérieur, mais à l’intérieur.
C’est l’autonomie : auto – nommer : se dire à soi-même ce que l’on a à faire.
Petit à petit, l’enfant apprend à mesurer ses forces, à se connaître suffisamment pour savoir ce qui est possible pour lui. Pour l’adulte, cela ne veut surtout pas dire le laisser seul face à ses difficultés ! Ni de lui préparer un parcours sans difficulté !
Mais c’est l’aider, préparer sa route, anticiper les obstacles pour préparer l’enfant à les franchir par lui-même.
L’expérimentation se fait dans un contexte où l’enfant sait qu’en cas de difficulté, il trouvera cet adulte solide, bienveillant et compréhensif pour épauler sa démarche.
Nous sommes là pour l’aider à discerner ce qui est bon pour lui, à voir ses compétences, à savoir ce sur quoi il peut compter en lui-même pour prendre le chemin qu’il aura tranquillement choisi en apprenant à se connaître.
Parce que le meilleur moyen de trouver, c’est de chercher par soi-même parce qu’on l’a décidé !
C’est ainsi qu’en Montessori, on dit : « Les enfants ne font pas ce qu’ils veulent, mais ils veulent ce qu’ils font ».
Florence Gaillard